L' autre nuit
L'autre nuit, je suis partie, j'ai eu l'envie de ressentir le plaisir de la fuite, du départ.
L'autre nuit, je cherchais un autre moi, un autre soi.
L'autre nuit était un univers des possibles.
Elle était étincelante, scintillante, palpitante.
Les étoiles filaient tel un signe, une approbation, une frénésie crépusculaire du voyage.
Le bus m'attendait, j'y suis monté pour sa lenteur burlesque, son mouvement lancinant.
A travers les vitres, les formes abstraites, obscures et impalpables défilaient.
Mon regard cherchait le moindre signe, à l'affût d'une ritournelle de vie, de présences fantomatiques ou de bêtes sauvages.
Les points lumineux de la ville devenaient de plus en plus microscopiques, ils étaient dés lors une illusion.
Seule la route était palpable, présente, réelle. Les bas-côtés avaient des contours obscurs et infranchissables.
Le mystère était devenu Maître. La lune trônait immuable.
L'autre nuit, dans l'autocar j'étais tel un hiboux migrateur à la fois éberlué et confiant.
Je quittais la ville, j'échappais enfin à ses lumières.