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Blog/ Virginie Bergeret
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23 juillet 2014

Abécédaire

T comme tache d'encre

Une petite masse noire aux contours poétiques et irréguliers. Un minuscule lac à l'encre stagnante gorgé de mots et de force. Un puits qui engloutit sans pouvoir révéler. Une tâche d'espoir et de désespoir. Une tâche d'effusion, de labeur et de sueur.

S comme signe

Une ligne qui fait signe tracé par la main elle fait sens et figure. Un signe telle une promesse, un présage, une réponse. Un noir sur blanc tracé sur le papier à tout jamais.

E comme écrire

Écrire pour le plaisir, pour signifier, chercher le mot juste et adéquat, le son mélodieux, écrire sans savoir sa destination. Écrire en cherchant, fouillant, bafouant... Écrire sans repères si ce n'est celui de la page blanche.

M comme marge

La marge d'un cahier tel un univers des possibles, un espace de liberté. À la frontière du signifiant, n'est ce pas-là ou tout s'explique, se décante, se déploie? Une barrière franchissable qui inspire.

R comme rature

Son son est aussi rapide et rude qu'une écorchure. Tel un chiffre venant bafouer les mots, elle permet non pas d'oublier mais de mettre de côté pour mieux avancer, progresser sans regretter. Un coup d'épée non mortel.

L comme ligne

Avec élégance mais force, elle ouvre le chemin, une voix possible dans l'univers de la page blanche. Un signe horizontal telle une lumière dans la profonde pénombre, une béquille sur laquelle on peux se reposer. Un signe qui nous guide.

C comme construire

Construire un texte pour donner à voir, à lire, à entendre. Architecturer des idées, élaborer des plans pour signifier, démontrer, expliquer. Construire avec l'écrit.

 

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20 juillet 2014

Ecrire

Cette année, comme l'an passé, j'ai suivi les cours d'écriture de France Bonnardel aux Bateliers. L'écriture et la lecture est un passionnant voyage, j'ai la sensation d'être au tout début d'une longue traversée. Cet été, je publierais sur mon blog certains textes écrits durant l'année. Bonne lecture.

20 juillet 2014

L'homme pierre

Il était né en février 1945, sous le nom de Johannes, durant un des hivers les plus rigoureux de Norvège, sa mère lui racontait toujours que la lumière blanche et éclatante n'avait pas pointé le bout de son nez depuis plusieurs jours, et que le thermomètre indiquait une température bien en dessous de zéro. Mais, il fût une belle récompense affirmait – elle. Un grand et beau fils après cette longue fratrie de fille. Il était né avec une grande tache dans le dos, une tache de vin allant du bas de son bassin à côté de sa fesse droite jusqu'en haut de son épaule gauche. Elle s'était élargi avec les années tout comme lui. Cela bien sûr, ses grandes soeurs ne l'avaient jamais vu, il avait toujours pris garde de ne jamais ôter sa chemise devant elles. Il avait peur de leurs railleries. Il eut le privilège d'être le fils aimé de sa mère mais il n'eut pas celui de partager la complicité que paraissaient partager ses soeurs. Seules la cadette, lui montrait de l'affection. C'est ainsi qu'il passa son enfance entouré tout en se sentant seul. En tant que garçon, il eut le droit de faire des études d'abord au collège puis au lycée d'Oslo. Il fut ensuite admis à l'école portuaire de Bergen. Il n'avait pas particulièrement l'âme d'un marin mais sa carrure était un atout dans le milieu maritime. Après ses études, on lui proposa un poste de contremaître au port de Stravanger au Sud du pays. Il passait ses journées à vérifier les cargaisons, déplacer les marchandises, comptabiliser les départs et les arrivées. Un matin une importante livraison provenant d'Allemagne devait arriver de gros blocs de granit qui devait servir à la reconstruction d'un temple protestant. Il supervisa scrupuleusement comme il en avait l'habitude le déplacement des géants blancs. Soudain au milieu de l'agitation des grues, des camions, des bateaux, du bruit quotidien et du froid, Johannes stoppa sa marche et se mit à contempler une de ses pierres. Elle était insondable, brute, parsemé d'aspérité, avec deux immenses veines, elle arborait des arêtes tranchantes. Sa couleur était d'un blanc mat et profond. Il se surprit à se reconnaître dans cette pierre. Lui, l'homme géant, solitaire et efficace. Il était aussi solide que cette pierre de l'extérieur, mais tout aussi fragile à l'intérieur. Il devait apprendre à prendre soin de lui-même comme il prenait soin de ses cargaisons.

12 mars 2014

Si j'étais, je serais...

Si j'étais née en Nouvelle Zélande,

je serais la petit fille de Jane Campion.

Si j'étais Indienne,

je travaillerais pour une ONG sur la protection des droits des femmes.

Si j'étais Finlandaise,

j'élèverais des rennes avec les Samis.

Si j'étais née à la Réunion,

je serais botaniste-chercheuse dans la forêt tropicale.

Si j'étais Africaine,

je serai danseuse professionnelle.

Si j'étais Québécoise,

je serais une baleine pour être craint et respecté à la fois.

23 janvier 2014

l'Homme-Poisson

agnes rosse

Photo: Agnès Rosse

 

L'Homme-Poisson,

Dans un village au bord de la mer Noire,

un jour de fête l'Homme-Poisson est arrivé.

 

Il n'était pas comme eux, il était différent.

Les villageois, tous bien vêtus, l'ont observé.

 

Le silence s'est installé,

Qui est-il ? avait-on chuchoté.

 

Une femme s'est alors mise à chanter,

une chanson complainte, un cri de douleur, une légende de pêcheur.

l'Homme-Poisson la connaissait par cœur : l'histoire du Dévoreur

il s'est mis à accompagner la femme en cœur.

 

Après quelques verres et quelques chansonnettes,

les villageois n'avaient plus peur,

l'Homme-poisson était un des leurs.

 

Jour après jour, ils ont délaissé la pêche.

Femmes, hommes et enfants passaient leur journée

 à barboter dans l'eau et à nager.

 

Les barques ont dépéris, les filets ont séchés,

les poissons se sont multipliés.

 

Certains cependant restaient à la surface,

l'Homme-Poisson leur faisait peur.

 

Un jour de grande baignade, le malheur est arrivé.

La Grande-Vague les a submergé.

Ils n'ont pas pu s'échapper.

 

Certains ont murmuré,

que l'Homme-Poisson s'était vengé.

 

Pour rester les pied dans l'eau à lire : Les poissons ne ferment pas les yeux de l'italien Erri De Luca, 

à découvrir : le travail photographique du roumain Petrut Calinescu

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21 décembre 2013

L' autre nuit

L'autre nuit, je suis partie, j'ai eu l'envie de ressentir le plaisir de la fuite, du départ.

L'autre nuit, je cherchais un autre moi, un autre soi.

L'autre nuit était un univers des possibles.

Elle était étincelante, scintillante, palpitante.

Les étoiles filaient tel un signe, une approbation, une frénésie crépusculaire du voyage.

Le bus m'attendait, j'y suis monté pour sa lenteur burlesque, son mouvement lancinant.

A travers les vitres, les formes abstraites, obscures et impalpables défilaient.

Mon regard cherchait le moindre signe, à l'affût d'une ritournelle de vie, de présences fantomatiques ou de bêtes sauvages.

Les points lumineux de la ville devenaient de plus en plus microscopiques, ils étaient dés lors une illusion.

Seule la route était palpable, présente, réelle. Les bas-côtés avaient des contours obscurs et infranchissables.

Le mystère était devenu Maître. La lune trônait immuable.

L'autre nuit, dans l'autocar j'étais tel un hiboux migrateur à la fois éberlué et confiant.

Je quittais la ville, j'échappais enfin à ses lumières.

 

1 avril 2013

Lettre à une amie anglaise

 

carte-postale-epinal

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

-D'où vient cette girafe ?! s'exclama la femme.

-D'Épinal, affirma le colporteur.

-Impossible, répondit-elle, elle vient surement d'un pays très exotique.

-Détrompez vous ma chère Madame, Épinal dans les Vosges est une ville très surprenante.

Je vous embrasse bien fort.

 Virginie, la girafe, la femme et le colporteur

17 mars 2013

Raymonde et Gustave Rochet

L'ainée de la famille Annette, au centre, est née durant l'hiver 1935, sa mère Raymonde Rochet

l'a mise au monde avec une extrême facilité alors qu'elle avait à peine 18 ans. Son père Gustave Rochet

était considérablement déçu d'avoir une fille mais il ne le montra point. Il savait désormais que sa femme

était féconde, ils auraient le temps d'avoir de nombreux enfants. La seconde Hélène vint au monde

au printemps 1938, elle montra vite un caractère joyeux et espiègle (et fut incontestablement

la préférée de sa mère.) Le dernier des enfants : un fils fut conçu pendant une courte permission

durant l'été 1943. Le père voyait en cet enfant un heureux présage: la fin proche de la guerre.

Il fut baptisé Daniel, comme son grand-père paternel (mort pendant la première guerre).

La photographie a été prise dans la cour de la maison familiale au tout début de l'année 1945.

Quelques semaines avant l'incident qui se déroula à la fosse à purin.

A la fin de la guerre, Gustave Rochet rentra, miraculeusement, chez lui sans avoir pu serrer

dans ses bras son unique fils. Raymonde Rochet ne s'en remis jamais, Annette s'enfonça dans

sa timidité, seul Hélène avait toujours (en apparence) son éclat de joie dans les yeux et

son humour décapent. Raymonde et Gustave n'eurent plus d'enfant.

 

(Un texte en écho à celui de Doubles Noces, peut être qu'une série pointe le bout de son nez,

affaire à suivre...)

18 octobre 2012

Doubles Noces

Elles étaient nées toutes les deux dans la même famille à dix huit mois d'intervalle, dans la propriété en haut du bosquet juste avant de rejoindre la route départementale. Elles n'étaient pas sœurs. L'une était la tante. L'autre était la nièce. Elles furent élevées comme une fratrie. L'ainée avait un charme particulier, une bouche rieuse, un teint mat et une chevelure bouclée. La seconde avait une beauté plus froide et brutale, mais un profond regard bleu adoucissait ses traits.

La ferme était un grand domaine où le travail ne manquait pas. La famille comptait de nombreux membres, leur complicité était connue aux yeux de tous. Les saisons s'enchaînaient paisiblement, la qualité des récoltes variait d'année en année.

Chaque quinze du mois d'août était célébré un grand festin. Il se déroulait dans la grande cour sous le tilleul. De longues tables étaient dressées, les plus belles bêtes étaient tuées. En toute convivialité, le voisinage et la famille venaient fêter la beauté de l'été. Ce fut lors d'un de ces repas, qu'elles virent leur enfance doucement s'achever.

L'une rencontra M., L'autre rencontra S.

Par soucis d'économie, la décision fut prise de faire un double mariage. Elles n'y voyaient aucun inconvénient. M. aurait voulu plus d'individualité, mais il n'avait pas les moyens financiers de l'imposer.

Les doubles noces furent célébrées en décembre.

Quelques mois après au tout début du printemps, La première donna naissance à un fils. La deuxième ne tarda pas à tomber enceinte. Elles passaient de longues journées à travailler en bavardant d'un heureux avenir pour leur progéniture.

L'une avait l'enfant dans les bras, L'autre portait l'enfant en elle.

Lorsque ce fut le tour de la seconde de mettre au monde son bébé, nous étions la veille exacte de leur anniversaire de mariage. 364 jours après. Dans la chambre bleue à l'étage, L'ainée et le docteur étaient présents pour l'aider. En bas, S. et M. patientaient nerveusement au coin de la cheminée.

Cependant, personne ne put empêcher ce qui arriva.

Le silence était pesant sur le domaine familial. Les bêtes dans la grange avaient cessé leur vacarme. Il fut décidé autour de la grande table en bois que L'une et M. deviendraient Les parents, donnant ainsi la liberté à S. d'un second mariage.

La petite n'en sut jamais rien.

22 octobre 2011

Mamie M.

Sous la neige, un jour de décembre, ils m'ont annoncée que mamie M. s' était envolée.

Où est-elle partie, ai-je pensé ? Mais je n'ai rien pu articuler.

Doucement, j'ai repensé à tous les moments qu'on avait partagé...

Un matin, elle m'a transmis son amour pour la cuisine.

Un midi, elle m'a enseignée le dessin.

Une après midi, elle m'a appris à respecter la nature.

Un soir, elle m'a transmis sa croyance des fantômes et des esprits.

Un printemps, elle a partagé ses voyages.

Un été, elle m'a donnée le goût de la lecture.

Un automne, elle m'a initiée au chant.

Un hiver, elle m'a offert ses souvenirs d'enfance.

Maintenant, Mamie M est morte.

Je savais désormais où elle était.

Partie rejoindre tous ceux dont elle m'avait parlée...

Doucement, je lui ai murmuré: Mamie M., Mamie t'aime, Mamie je t'aime

Ma grand mère est une odeur de fleur, elle restera toujours dans mon coeur.

 

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